Le thème du film de Steven Spielberg « Minority Report » (dont l’intrigue tourne autour du don de médiumnité) me donne l’occasion d’écrire un dossier sur la voyance. Chose que je voulais faire depuis longtemps. Mais je ne parlerai pas dans cet article de l’œuvre de Spielberg. Très bon film au demeurant, même si je regrette 2 petites choses : la première est le fait de montrer le futur comme étant une fatalité ; la deuxième chose étant d’utiliser le don de voyance comme un moyen répressif et non comme une occasion d’ouverture de la conscience. Mais j’aborderai plus loin cette problématique dans ce dossier.

Voyance… Réalité ou fantasme ?

Mon modeste but ici n’est pas de lancer le débat pour savoir si la possibilité d’entrevoir le futur est une réalité ou pas. La question ne se pose pas puisque je suis persuadé de son existence, pour la simple et bonne raison que je pratique cet art depuis quelques années déjà, et que j’ai vécu à travers d’autres personnes, quelques expériences confirmant ce phénomène. Cependant, ma vision sur celle-ci a quelque peu changé avec le temps.

Si vous le voulez bien, laissons de côté la querelle stérile et puérile de savoir si celle-ci est une réalité ou pas. L’important est de ne pas se situer dans les extrêmes et de garder son objectivité et son sens critique. De plus, pour pouvoir donner son avis et affirmer qu’un phénomène existe ou pas, encore faut-il l’avoir étudier et expérimenté.

Combien sont-ils qui nient l’existence du paranormal sans s’être penché sur le sujet et sans l’avoir expérimenté ? Ils sont nombreux…Trop nombreux ! Notre société occidentale et cartésienne nous affirme que ce n’est pas une réalité concrète. Sans chercher plus loin et sans vérifier concrètement ces affirmations, de nombreuses personnes au cerveau atrophié le croient sans se poser plus de question. Leurs avis n’est pas issu de leurs propres réflexions, mais de l’avis conformiste et conventionnel de notre société occidentale. Ils pensent ce qu’on leur dit de penser. Mais j’ai surtout remarqué qu’une grande majorité de ces cas étaient des esprits fermés et avaient peur de l’inconnu donc d’eux-mêmes.

D’autres personnes plus intelligentes et donc plus ouvertes cherchent à en savoir plus. Malheureusement, celles-ci tentent d’aborder ce vaste sujet empli de zone d’ombre, avec un esprit purement cartésien, concret et vaguement scientifique, donc par le conscient, par l’intellect…et n’en savent pas plus sur ce sujet et en concluent forcément que ça n’existe pas ! Je pense que ces personnes partent dans une mauvaise direction. Aborder ce sujet par l’intellect n’est pas suffisant, simplement parce que ce phénomène doit être saisi avant tout par l’inconscient.

À l’opposé, d’autres personnes sont prêtes à y croire sans aucun sens critique et sans se poser plus de questions sur le but de la voyance. On trouve en général dans cette catégorie des personnes émotionnellement fragiles, psychologiquement en détresse et surtout dépendantes à cette forme d’art.

En finalité, peu importe que l’on croit ou non à la voyance. Chacun a le choix d’y croire ou pas. Ce qui importe c’est que ce choix soit un choix conscient. Élevons plutôt le débat et attachons-nous de voir ce qu’elle est, ce qu’elle n’est pas et ce qu’elle peut nous apporter sur un plan personnel. Je traiterai aussi de ses dangers et de ses bénéfices sur la vie du consultant.

La voyance… Qu’est-ce que c’est ?

Vaste question qui pourrait remplir des pages. Simplifions donc la réponse. Selon l’idée admise, la voyance est la faculté, à travers un don médiumnique, d’entrevoir le futur. Cette définition étant trop simpliste à mon goût. Je la rectifierais ainsi : la voyance est personnellement la possibilité, à travers une faculté innée que beaucoup possèdent mais ignorent ou veulent ignorer parce que refoulée, d’entrevoir dans l’instant présent, un futur possible mais pas inéluctable. Ce futur probable est seulement recevable dans l’instant présent, car pour moi, la fatalité n’existe pas. J’ai toujours refusé le fait que le destin de chacun soit écrit par avance, sur le grand livre de la vie sans que l’on puisse en changer le moindre mot. Et je ne laisse à aucun devin le pouvoir de me confisquer mon destin, en le laissant me dire que le futur est immuable, car de toute évidence il ne l’est pas.

Les mécanismes de la voyance

Je parlerai ici des conclusions issues de ma propre expérience et de ce que je crois être les mécanismes de cet art. Cela n’est peut-être pas la vérité, mais elle est ma vérité et donc forcément subjective.

Personnellement, ce phénomène intervient toujours de la même façon. En présence d’une personne, et sans trop savoir pourquoi et comment elles arrivent à ce moment-là, des visions passées, présentes ou futures concernant cette personne, me traversent l’esprit. J’appellerais ces visions, intuitions ou ressentis.

Comment ces ressentis se manifestent ? Essayer de saisir cela consciemment, donc par l’intellect, est très difficile…et pour cause ! Je suis intimement persuadé aujourd’hui que je capte, à travers mon propre inconscient, l’inconscient de l’autre. Je capte son énergie, ses vibrations et perçoit à travers sa personne ce qu’elle a été, ce qu’elle est profondément et ce qu’elle peut devenir. Une connexion d’âme à âme en somme. Ces ressentis arrivent plus facilement dans un état d’être particulier, plus particulièrement quand l’intellect est au repos, déconnecté. Pour être juste, ces ressentis sont plus présents et surviennent surtout durant un état de conscience modifié. Que celui-ci soit déclenché volontairement ou involontairement. Quand cet état se présente, une osmose, une empathie se fait avec la personne. Il est parfois difficile de traduire par des mots ces ressentis. C’est pourquoi les outils peuvent être d’une aide utile pour interpréter ces intuitions. Quels sont ces outils ?

Les outils de la voyance

Pour interpréter leurs visions, le médium peut utiliser de nombreux outils. Ceux-ci peuvent être les cartes, les tarots, les oracles, le marc de café, la numérologie, la chiromancie, les runes, etc… Personnellement j’utilise l’outil qui me parle le mieux, c’est-à-dire le tarot.

Puissant instrument s’il en est, parlant directement à l’inconscient, le tarot est une représentation du monde, une cosmologie. À travers ses images, on peut y voir le chemin de l’âme à travers l’évolution humaine. Il est source d’inspiration et de réflexion. Les symboles du tarot évoquent pour moi la vision d’une ancienne sagesse permettant une évolution de la conscience tout en y joignant les constructions de l’inconscient collectif. Il facilite l’introspection. Car étant un extraordinaire miroir de soi. Si on observe attentivement les arcanes majeurs d’un jeu de tarot, on s’aperçoit qu’elles illustrent parfaitement les grandes étapes que l’être humain est susceptible de traverser sur le chemin de la réalisation de soi. Le tarot allié au ressenti est donc pour moi un instrument « magique » idéal pour accéder à la connaissance de soi. Et c’est en apprenant à se connaître profondément que l’on peut maîtriser et créer son futur… En deux mots : Être libre !

Les dangers de la voyance

Personnellement, le but majeur de la voyance doit être de nous permettre d’accéder à la liberté et non à la dépendance. À mon grand regret, beaucoup de voyantes créent la dépendance chez le consultant et souvent de manière inconsciente. Mais ce qui m’attriste énormément est que bien souvent celui-ci recherche et demande cette dépendance ! Je suis profondément peiné d’entendre très régulièrement les gens me poser cette question : « Que va-t-il m’arriver dans le futur ? ». C’est à mon sens, renoncer à sa propre liberté en donnant le pouvoir à l’extralucide. Bien souvent et par orgueil, la voyante accepte ce pouvoir et prend ainsi les rênes de la vie du consultant en lui annonçant un avenir préétabli comme si les évènements étaient écrits d’avance. Elle nie la capacité que nous avons tous à prendre en main notre destin. Elle crée ainsi la dépendance. Cette façon de procéder est tout simplement dangereuse. Certains me rétorqueront qu’en ayant connaissance de notre futur, nous pouvons agir sur celui-ci. C’est ce que j’ai cru pendant longtemps. Disons plutôt que la connaissance de notre futur probable n’est pas suffisante pour le changer. Il faut expliquer au consultant pourquoi cet avenir hypothétique peut se concrétiser de cette façon. Il faut lui donner la clé. Et cette clé se trouve au cœur de sa propre histoire, de son propre passé. Il n’est nul avenir heureux si nous n’avons pas eu le courage d’affronter notre passé, donc ce que nous sommes présentement. Car nous sommes aujourd’hui, ce que le passé à fait de nous.

Comme le disait si justement le grand psychologue Carl Gustav Jung : « Ce que nous n’avons pas voulu savoir de nous-mêmes nous revient au visage comme destin ».

D’où viennent ces faiblesses ? Elles nous sont héritées de notre plus tendre enfance. À l’aube de notre vie, il a fallu nous adapter à un monde que nous percevions comme difficile ou parfois hostile. Pour cela nous avons mis en œuvre toute une série de comportements. Si ces comportements ont été efficaces, nous avons eu tendance à les répéter encore et encore. Ils sont devenus des automatismes que nous ne savons plus remettre en cause et qui limitent notre façon de sentir, de penser et d’agir. Ainsi nous sommes les prisonniers des habitudes que nous avons nous-mêmes créées. Elles façonnent notre personnalité apparente et nous nous identifions à elles. Elles deviennent nos faiblesses. Et c’est, je crois une grande force que de reconnaître ses propres faiblesses. Le médium peut donc nous aider à découvrir cette facette inconnue de nous-mêmes en nous révélant notre moi profond et véritable. Le médium sert donc de canal pour révéler au consultant qui il est, ce qu’il a été et ce qu’il peut devenir, et ce par l’intermédiaire de ses visions, de ses intuitions et de ses interprétations à travers les tarots par exemple.

Encore faut-il que le voyant ait lui aussi parcouru ce chemin intérieur qui mène à la connaissance de soi. Si ce chemin n’a pas été fait, cela peut être très dangereux pour le consultant. C’est pourquoi une bonne voyante doit avoir travaillé sur son propre inconscient, sur son propre psychisme, au risque sinon de projeter sur leurs « victimes » leurs propres faiblesses.

Malheureusement comme j’ai pu souvent le constater, elle projette inconsciemment sur le consultant les problèmes qu’elle n’a pas su régler dans sa propre vie. Beaucoup de ces projections sont de nature sentimentale. C’est compréhensible quand on sait que le facteur émotionnel lié aux problèmes sentimentaux est le plus difficile à gérer. Et d’autre part, parce que les questions les plus souvent posées sont celles du cœur. Et dans ce domaine, les dangers sont nombreux comme j’ai pu tristement le constater.

Nombreuses sont les voyantes prédisant le futur sentimental de leur consultant en ces termes : « Je ne vous vois pas rester avec cette personne », « Ce n’est pas quelqu’un pour vous » ou encore « Vous devriez rompre » ou pire « Votre relation sera un échec, quitter-le ». Cette attitude de la part du médium est complètement irresponsable et dangereuse. Voilà un bel exemple de projection. Cette attitude est dangereuse de la part de l’extralucide car elle place le consultant dans une position passive et lui retire la capacité qu’il a de juger objectivement sa relation et le pouvoir qu’il a de faire évoluer celle-ci. Le choix de continuer une relation ou d’y mettre un terme ne revient qu’à lui et à lui seul. En amour, il n’y a pas de mauvaises rencontres, seulement de mauvaises façons de les vivre. De plus, cette attitude de la voyante est dangereuse car elle n’aborde pas le fond du problème mais émet un jugement sans appel. Le rôle de la voyante responsable est celui d’aller plus loin que ces prédictions idiotes, et d’essayer de percevoir, par sa faculté médiumnique et par ses outils, le vrai problème du couple. Bien souvent, en cherchant le pourquoi et en le comprenant on peut contrer l’échec de cette relation…si chacun dans le couple le veut bien sûr.

Bien souvent dans le domaine amoureux, les gens vont consulter une voyante pour se défaire de leur responsabilité et de leur choix. Cette déresponsabilisation se traduit régulièrement par ce genre de phrase qui en dit long : « De toute façon, ma voyante m’a dit que ce n’était pas quelqu’un pour moi ». En réagissant ainsi, c’est faire preuve de lâcheté, d’une énorme faiblesse, de puérilité et de fuir l’engagement. Le vrai choix, c’est accepter de grandir… ou de rester immature et ainsi d’aller d’échec en échec. Il m’est triste de constater qu’en règle générale, le consultant délaisse sans même en avoir conscience son avenir et ses décisions à quelqu’un qui, l’espace de la consultation, a pris tout pouvoir sur lui.

L’autre effet très pervers et donc dangereux que peut avoir ce genre de prédiction est que celle-ci se réalise, non pas parce que c’est écrit, mais parce que le consultant se persuade qu’elle va arriver. Il se convainc lui-même de la réalité de cette prédiction et fera inconsciemment qu’elle se réalise. En agissant ainsi, la voyante sollicite profondément les ressources de l’inconscient du sujet. Quand il s’agit de prédictions positives, cela peut-être légitime, mais dans le cas contraire c’est complètement irresponsable. L’esprit a un pouvoir extraordinaire… d’un sens comme dans l’autre. Il ne faut pas le sous-estimer. Dès l’instant où on voit le futur, on le change. En prédisant un événement, on le provoque de manière souvent inconsciente. En psychologie sociale, on appelle cela la réalisation automatique des prédictions. L’inconscient du sujet traduira ces prédictions en désir personnel, et fera en sorte de les réaliser avec des conséquences souvent néfastes. Comme le dit si bien celui que l’on surnomme le prince du tarot, Alexandro Jodorowsky : « Toute prédiction est une prise de pouvoir, par laquelle le voyant se complait à tracer des destins, détournant ainsi le cours normal d’une vie ». J’adhère à cette conception des choses.

Un autre danger réel de la voyance est d’annoncer des évènements négatifs sur lesquels on ne peut avoir d’emprise. Prédire la mort d’un proche par exemple. Que cela se réalise ou non, c’est inutilement cruel. Il en va de même quand le médium annonce un accident tout en restant vague dans ses prédictions. C’est irresponsable, pervers et malsain. Car si la prédiction reste floue, on ne peut pas agir sur celle-ci. Pire : le stress et la peur déclenchés par cette prédiction néfaste risquent de créer chez le consultant la dynamique qui va permettre à l’accident d’arriver.

Quel est son but ?

Tout d’abord, l’objectif de l’extralucide n’est pas d’éblouir le consultant par son don médiumnique. À part flatter son moi inférieur, c’est-à-dire son propre ego, cette façon d’aborder les choses n’a strictement aucun intérêt. La voyance doit être perçu comme un chemin menant à la liberté et non à la dépendance. Elle doit nous aider à avoir une meilleure connaissance de nous-même et ainsi nous aider à ne plus subir notre avenir mais à le construire. La voyance n’apporte pas de réponses toutes faites mais nous aide à nous libérer et à trouver notre solution. Et cette solution se trouve dans notre passé. Quand on observe le destin des grands hommes, on s’aperçoit que leur désir était plus fort que les contraintes extérieures. Bien souvent, la majorité des gens n’osent pas écouter leur désir et créer leur avenir. Ils préfèrent écouter leurs peurs qui ne sont que le reflet des traumatismes, des souffrances de leur passé. De ce fait, ils deviennent vulnérables et fatalistes. C’est pourquoi le but d’une voyance est de les aider à exorciser ce passé mal vécu ou refoulé et à exprimer ce qu’il y a de meilleur en eux. Leur donner les moyens de se convaincre eux-mêmes de leur potentialité, de leur énergie positive et d’inscrire dans le réel leur capacité de réussite. Car toute action concrète prends naissance avant tout dans le mental. En les dirigeants vers une pensée positive, leurs actes seront eux aussi positifs. Et ce sont de nos actes que naît notre futur. Aider les gens à retrouver leur conscience, à se retrouver eux-mêmes pour être enfin libre, voilà qui est juste. Ce faisant, ils ne subiront plus leur destin de l’extérieur. Le médium doit éclairer la vie de celui qui vient le consulter. Mal maîtrisée ou mal utilisée, la voyance peut avoir de terribles répercussions sur la vie du consultant. Le devin a donc là une grande responsabilité et ne doit pas s’amuser avec la vie d’autrui. Il doit se refuser à exercer le pouvoir même si le consultant le demande. Combien ai-je vu de « tireuse de carte du dimanche » s’amuser bien inconsciemment à dévier, parfois à détruire (je n’exagère pas, croyez-moi) la vie d’autrui ? Beaucoup trop à mon goût.

Vous qui me lisez, si un jour vous faites la démarche de pousser la porte d’un médium, gardez à l’esprit que rien n’est immuable. Et que nous avons tous en nous le pouvoir de créer notre futur car le monde dans lequel nous vivons est le monde que nous créons. Comme le disait si bien Shelia Graham : « On peut tout avoir si on le veut avec suffisamment de force. Il faut le vouloir avec une exubérance qui vous sort par tous les pores et rejoint l’énergie qui a créé le monde ». Tout est dit !

Je conclurai par cette petite histoire d’un certain Attar de Nishapur :

Un roi, qui était aussi un astrologue, lut dans les étoiles qu’un certain jour à une certaine heure, un malheur allait s’abattre sur lui et qu’il en mourrait. Le roi fit construire une demeure aux murs épais et solides. Il plaça toute son armée autour de la maison pour monter la garde et en interdire l’accès. Puis il s’y réfugia. Au bout de quelque temps, il réalisa qu’il voyait la lumière du jour et que cela signifiait qu’il y avait une ouverture par laquelle on pouvait entrer. Aussitôt il la fit murer. Ainsi le roi devint son propre prisonnier. Et de cela il mourut.

Puisse cette histoire vous faire réfléchir…