C’est à bord du Demeter, bateau fantôme sans son équipage, que s’échoue sur le rivage de Whitby, Dracula, le héros de Bram Stoker. Pour l’anecdote, cet épisode du roman fut inspiré à Bram stoker par un fait divers qui se passa à Whitby en 1885. C’est aussi dans cette ville que le romancier, mais surtout Mina et lucy les héroïnes du roman passent leurs vacances. Mais plus que cela, ce sont les phénomènes de hantises de l’abbaye de Whitby, qui me décide à aller y voir de plus près.

Il est 17 h quand j’atterris à l’aéroport de Leeds, grande ville du nord de l’Angleterre. Je me dirige vers Boroughbridge, petite bourgade située au cœur du North Yorkshire. Village géographiquement intéressant à plus d’un titre pour moi, puisqu’il est entouré de nombreux lieux hantés dont je savoure par avance leur visite. Je suis à 1 h 30 environ de Whitby. La journée m’ayant épuisée et le voyage affamé, je décide de m’y rendre demain après un bon repas et une bonne nuit de sommeil.

Je me lève tard et le soleil brille déjà dans un ciel sans nuage. Après avoir avalé un Yorkshire pudding dans l’un des nombreux pubs du coin, j’emprunte les routes secondaires pour arriver à Whitby Abbey. Ce qui me permet dans un même temps, d’apprécier la campagne anglaise et de repérer certains lieux hantés pour une visite ultérieure. La route me paraît longue au fur et à mesure que le panorama défile. Les voitures se font rare et le paysage désertique. Pendant longtemps j’ai imaginé Whitby à travers la description du chef-d’œuvre de Bram Stoker. Non sans une certaine émotion, je me mets à rêver de ce que je pourrais trouver là-bas. Après 2 heures de route due à mes arrêts rapides pour repérer deux sites hantés, me voilà enfin arrivé à bon port. Je me dirige vers les hauteurs de la ville pour atteindre ma destination finale : L’Abbaye St Hilda.

La surprise est totale. Mes attentes vont au-delà de mes espérances. La vision de cet extraordinaire bâtiment fantôme crée en moi un choc émotionnel intense. Je reste là, figé devant cet incroyable tableau fantasmagorique, digne des plus grand décor de film d’épouvante. Une chose étonnante accroche mon regard. Tel un édifice surgissant d’une autre dimension, un léger brouillard enveloppe l’Abbaye, tandis que les alentours baignent sous une lumière solaire qui commence à diminuer. Plongé dans un silence de mort, de minces filets de brume, s’accroche aux pierres de cette sombre ruine. Cet écran vaporeux enveloppant l’abbaye, sorte de frontière entre notre réalité et l’autre monde, lui donne un aspect plus sinistre, plus lugubre encore.

Elle est réputée pour être régulièrement visité, par des êtres fantomatiques surgit d’une autre époque.

Le spectre le plus connu étant celui de St Hilda, la fille du fondateur de l’abbaye. Drapée d’un voile blanc, sa silhouette évanescente est régulièrement perçue la nuit, derrière l’une des fenêtres de ce monument. Une autre manifestation tout aussi mystérieuse est l’apparition d’un ancien carrosse tiré par quatre chevaux sans têtes. Après avoir longé la falaise proche de l’abbaye, celui-ci plonge sans hésitation dans les eaux glacées entourant la falaise. Pourquoi reviennent-ils dans le monde des vivants ? Quels messages ont-ils à nous délivrer ? Autant de questions auxquelles je tenterai de trouver des réponses.

Mais le spectre le plus dérangeant est celui d’une nonne, Constance de Beverley, emmurée vivante dans un des donjons de l’édifice, pour avoir rompu ses engagements envers Dieu en tombant amoureuse d’un chevalier. On raconte qu’elle hante depuis longtemps maintenant l’escalier qui mène au donjon. Certains sujets sensibles, auraient aperçu le fantôme de Constance, blotti contre cet escalier. Plus étonnant encore, le 6 janvier de chaque année au petit matin, on peut entendre telle une plainte, l’écho d’un chœur fantomatique semblant provenir de ces ruines.

Jouxtant l’abbaye se trouve l’église St Mary et son ancien cimetière marin battu par les vents. C’est au milieu de ces pierres tombales que Lucy, lors d’une crise de somnambulisme, fut vampirisé par le comte Dracula. Combien de fois ai-je pu lire ce pur chef-d’œuvre de la littérature fantastique ?… Combien de fois ai-je pu imaginé à travers les mots de Bram Stocker, ces lieux qui ont enflammés mon imagination ?… Je ne saurais le dire, mais aujourd’hui me voici là, au milieu de ces sombres sépultures à attendre je ne sais quoi ! Peut-être dois-je m’attendre à voir surgir de ce lieu désolé, le comte aux longues canines ? Non ! Je savoure simplement l’instant présent et suis à l’écoute de mes intuitions et de mes sensations. Je suis dans un état d’intense perception comme il m’arrive de l’être quand je glisse un pied dans l’autre monde…

Soudain et malgré le soleil qui brille, le souffle glacé du vent me sort de mes pensées. Le temps passe vite… Trop vite ! Je presse le pas si je veux à mon gré visiter chaque recoin de l’abbaye. Je sors du cimetière et je longe le mur d’enceinte de ces ruines majestueuses. Il est 17 h 30 et Il n’y a plus grand monde dehors à cette heure-ci. Les derniers curieux qui traînaient ici il y a encore 1 heure de cela sont déjà partis vers d’autres horizons plus conviviaux et chaleureux.

Me dirigeant vers l’entrée de l’édifice religieux, je constate amèrement que celui-ci est fermé. Mon insistance auprès du gardien se solde par un échec. « Il est tard, il faudra revenir » me dit-il sur un ton laconique. Je m’en veux de m’être laissé ainsi submerger par le temps. Je pourrais bien sûr attendre la nuit et telle une ombre me glisser parmi ces ruines. L’expérience me tente assez bien, mais j’ai des obligations pour une soirée importante à Boroughbridge. Je suis déçu et frustré, mais mon séjour en Angleterre n’est pas terminé et je me fais la promesse d’y retourner très rapidement…

À suivre...

Erick Fearson

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