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"Cela fait 45 ans que je côtoie, photographie et fais l’expérience de nombreux phénomènes surnaturels..." Simon Marsden

Avant de le croiser au Père Lachaise, le célèbre cimetière parisien où il vient ce mois-ci prendre quelques photos pour son futur livre sur la France hantée, le photographe Simon Marsden a accepté de passer de l'autre côté de l'objectif pour se livrer sur son enfance, son métier et ses croyances. Portrait en noir et blanc d'un chasseur de spectres haut en couleurs !

Propos recueillis par Erick Fearson.
Traduction Olivier Valentin.

Maison-Hantee.com : Sir Simon Marsden, au vu de votre travail, vous êtes un chasseur de fantômes mais avant tout, vous êtes un grand artiste. D’où vous vient cette passion pour le monde des spectres ?

Simon Marsden : J’ai passé mon enfance dans une maison hantée au fin fond de la campagne anglaise. Mon père possédait une gigantesque bibliothèque de livres sur le fantastique. Avant d’aller au lit, il racontait au coin du feu des histoires de fantômes à ses quatre enfants dont je suis le cadet. Et c’était moi qui dormais dans la pièce hantée ! Ce qui m’a évidemment impressionné au point de croire aujourd’hui que mon obsession pour la photographie de lieux hantés m’aide à exorciser mes peurs irrationnelles d’adolescent.

Maison-Hantee.com : Quand on évoque la Grande-Bretagne, on ne peut s’empêcher de penser aux fantômes. Cela s’explique-t-il par le nombre important de lieux hantés ou simplement par le fait que les gens en parlent plus librement ?

S.M. : C’est vrai qu’en Europe occidentale, la Grande-Bretagne est indissociable du monde des revenants. Même si j’ai trouvé sous d’autres formes un goût tout aussi prononcé pour le surnaturel en Europe de l’Est et en Extrême-Orient. Les Anglais, les Irlandais, les Écossais et les Gallois sont probablement plus à l’aise quand ils évoquent le sujet dans la mesure où ils admettent plus facilement l’idée de l’existence des fantômes depuis des siècles, sans la réduire à une polémique intellectuelle ou scientifique.

Maison-Hantee.com : Il existe plusieurs profils de chasseurs de fantômes : le spiritualiste, le scientifique,… Or, vous avez choisi la voie artistique et culturelle. Pourquoi ?

S.M. : Primo, je suis un artiste. Secundo, j’ai toujours cru aux fantômes. Je n’ai donc jamais eu le besoin de prouver leur existence ! D’ailleurs, je n’essaie pas de convaincre le lecteur ou le spectateur que les fantômes existent mais plutôt de leur conseiller de ne pas tout prendre pour argent comptant. Les apparences sont parfois trompeuses.

Maison-Hantee.com : D’après vous, est-il plus intéressant d’évoquer leur existence à travers l’art ou d’éprouver leur réalité ?

S.M. : Je suis persuadé qu’il est vain de prouver l’existence des fantômes dans un monde cynique et incrédule. On peut passer sa vie entière à disserter sur la photographie d’un spectre. Moi je préfère passer ce temps à visiter des lieux hantés et à me documenter sur eux. En 35 ans de métier, j’ai rassemblé une collection de photos spirites mais je ne les montre pas au risque d’en faire un phénomène de foire. Peut-être plus tard, quand je songerai à éditer mes carnets de souvenirs.

Maison-Hantee.com : Quels sont vos auteurs favoris de ghost-stories ?

S.M. : Montague Rhodes James que mon père connaissait du temps où il était à l’université de Cambridge ; Arthur Machen car ses histoires reflètent bien mes croyances personnelles ; Edgar Allan Poe, le Maître du gothique.

Maison-Hantee.com : Vous croyez donc vraiment aux fantômes ?

S.M. : Absolument ! Cela fait 45 ans que je côtoie, photographie et fais l’expérience de nombreux phénomènes surnaturels.

Maison-Hantee.com : Dans ce cas, en avez-vous peur ?

S.M. : Comme tout le monde, j’ai peur de l’inconnu !

Maison-Hantee.com : Les croyez-vous animés par de bonnes ou de mauvaises intentions ?

S.M. : Les deux. Comme il y a de bonnes et de mauvaises personnes parmi les vivants, les esprits des défunts doivent forcément reproduire cette dualité.

Maison-Hantee.com : Mais ce n’est pas un peu naïf de croire aux fantômes de nos jours ?

S.M. : Non. Bien au contraire ! La plupart des gens ont foi dans la science et la technologie. Mais plus ils croient pouvoir tout expliquer et tout maîtriser dans notre monde moderne, moins c’est le cas. Par exemple, les vieux remèdes d’autrefois s’avèrent être souvent plus efficaces que les médicaments d’aujourd’hui. A la suite du tsunami en Asie du Sud-Est, un vieille tribu de l’âge de pierre recluse sur son île a été présumée disparue alors qu’elle avait survécu à la vague mortelle en suivant les animaux sur les hauteurs des heures avant la catastrophe. Leur union avec la nature doublée d’un sixième sens leur ont épargné une mort certaine.

Maison-Hantee.com : Selon vous, quelles sont les compétences d’un bon chasseur de fantômes ?

S.M. : Un esprit ouvert et une grande patience. Et n’espérez pas être le témoin d’un phénomène surnaturel uniquement dans un lieu réputé hanté. Cela peut arriver n’importe où…

Maison-Hantee.com : Les hantises sont souvent associées à des causes dramatiques. Partagez-vous cette opinion ?

S.M. : C’est vrai dans la plupart des cas. Cependant, certaines hantises de défunts se produisent dans un lieu qu’ils affectionnent et qu’ils ne veulent pas quitter. Ceux-là n’ont pas forcément connu de mort violente et peuvent même être décédées paisiblement dans leur lit.

Maison-Hantee.com : Les fantômes sont-ils des âmes de personnes défuntes ou des images du passé ?

S.M. : Assurément des âmes qui ne peuvent ou ne veulent pas accéder au repos éternel.

Maison-Hantee.com : Dans ce cas, pourquoi reviennent-elles nous hanter ?

S.M. : Je suppose qu’elles ne sont pas prêtes à accepter l’idée de leur mort, ou bien elles veulent simplement rester pour une raison ou une autre, un projet inachevé, l’amour d’un lieu, etc.

Maison-Hantee.com : Peut-on communiquer avec elles ?

S.M. : En tous cas, elles semblent vouloir entrer en contact avec nous.

Maison-Hantee.com : Ont-elles un message à délivrer ?

S.M. : Certainement. Savoir remettre en question le monde qui nous entoure et de ne pas tout prendre pour argent comptant. En clair, d’ouvrir notre esprit.

Maison-Hantee.com : Les histoires de fantômes existent depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, elles font toujours les gros titres de la presse dans le monde. Comment l’expliquez-vous ?

S.M. : L’humanité ne change pas. Sa fascination pour l’inconnu et la mort est perpétuelle. Mettez le sujet des fantômes sur la table lors d’un dîner entre amis, vous remarquerez comment l’ambiance change, tout le monde a son mot à dire sur la question qu’il soit pour ou contre. Aujourd’hui, nous nous situons sur un autre plan de discussion, où la spiritualité occupe une place de plus en plus importante.

Maison-Hantee.com : Que pensez-vous de la célèbre série TV britannique "Most Haunted" ?

S.M. : Pour être honnête, je ne l’ai jamais vue, mais d’après ce que j’en ai lu ou entendu, cela ressemble plus à un programme de télé-réalité qu’à un vrai reportage sur les fantômes.

Maison-Hantee.com : Parlez-nous de vos projets d’édition ?

S.M. : Je viens juste de terminer un livre pour l’English Heritage au sujet de leurs lieux hantés, "This spectred isle", qui sortira en avril 2005. D’autre part, j’ai commencé à travailler sur "La France hantée", un ouvrage qui sera publié chez Flammarion en octobre 2006.

Maison-Hantee.com : Préparez-vous une exposition photo en France ?

S.M. : En effet. Au moment de la publication de "La France hantée". Toutes les informations seront sur mon site web en temps utile.

Maison-Hantee.com : Le mot de la fin pour Maison-Hantee.com ?

S.M. : Merci pour cet entretien et en particulier à Erick Fearson pour son aide précieuse dans la recherche de lieux hantés français à photographier. Bien sûr, toute suggestion d’un internaute de Maison-Hantee.com qui connaît un lieu hanté en France pour mon prochain livre est la bienvenue sur info@marsdenarchive.com.

>> Interview en anglais (format PDF)

>> Le site officiel de Simon Marsden (en anglais)