[ Revue de presse ]



Titre original : « Galaad »
Scénario et réalisation : David Paquin
Distribution :
Bertrand Beillot (Galaad)
Erick Fearson (Gal Ador)
Sabine Heraud (Adrienne)
Claudia Hernandez, Gulia  Ronchi, Lucia Morand, Xavier Morand,…
Musique originale : Patrick Richard et David Giancola
Equipe technique : Olivier Montoro, Jêrome Huguennin, Christophe Hattais, Bernard Bouiller,...

Une descente aux enfers promise à un bel avenir...

Mars 2003 : Erick Fearson ajoute une nouvelle corde à son arc en interprétant l’un des rôles principaux du court-métrage fantastique du réalisateur David Paquin. Il met ses talents de bizarriste au service du cinéma, en jouant le rôle de Gal Ador, magicien ténébreux très étrange. Effectivement, ce personnage énigmatique interprété par Erick, symbolise la part d’ombre qui se trouve enfouie en chacun de nous. Galaad le héros du film, devra affronter ce mage obscur s’il veut trouver la lumière et le chemin de la liberté. Y-parviendra t-il ? Rien n’est moins sûr… Cependant sa descente aux enfers semble inévitable…

Mai 2004 : Sortie de « Galaad », le court-métrage fantastique de David Paquin. Il reçoit un très bon accueil parmi la presse lors de la première. Mieux encore, le film est sélectionné pour concourir lors du fameux « Festival des Nations » qui se déroulera du 13 au 19 juin 2004 en Autriche. Ce festival est le plus grand festival de ce genre en Autriche, réunissant plus de 600 films en compétition provenant de plus de 40 pays. Souhaitons bonne chance à « Galaad » !

Juin 2004 : Étant donné la liste impressionnante de films en compétition, il semblait improbable que « Galaad », la première fiction du réalisateur David Paquin, remporte un prix. Et pourtant, la nouvelle vient de nous parvenir : Nous apprenons que « Galaad » obtient une récompense au Festival des Nations en Autriche. Le film de David Paquin est récompensé par l’Ours de Bronze ! Celui-ci semble promis à un bel avenir…

L’histoire

"Nous possédons tous un champs de conscience immense, peut être sans aucune limite, mais chacun de nous l’enferme dans son histoire personnelle ; un espace clos, théâtre où évolue différents personnages mentaux qui nous divisent, nous épuise et de surcroît nous clôture dans une perception rétrécie de la réalité.

La seule façon d’explorer la conscience, c’est d’écouter son dialogue intérieur et de le stopper. Galaad va connaître la peur, la menace, l’ombre pesante de Gal Ador, magicien ténébreux, qui le séduit, le pourchasse et l’humilie.

Mais qui est-il vraiment ?


Sabine Herraud (Adrienne)

Galaad plongera dans les mystères du tarot pour tenter de répondre à ses interrogations. Et l’histoire va se dérouler malgré lui tel un conte. Dans cette ascension vers la connaissance, il est guidé par Adrienne, un ange, une voix, une promesse.

Pour s’accomplir, faut-il affronter ses ténèbres ? Galaad doit trouver la clé pour dénouer cette histoire. Et tout le ramène à une confrontation inéluctable avec Gal Ador.

Au travers de ce récit, Galaad affrontera son destin pour devenir ce que chaque homme aspire à être : un homme uni, indivisible."

Making-of

Interview avec Erick Fearson

Erick bonjour. Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans ce film ?

Tout d’abord c’est un film fantastique, philosophique et mystique (rires) ! Plus sérieusement, c’est l’histoire d’un homme, Galaad, qui se cherche et se remet en question à un moment charnière de sa vie. Pour cela, il devra affronter son ombre et ses fantômes, s’il veut atteindre son but. J’interprète donc le méchant Gal Ador qui symbolise la facette obscur de Galaad le héros. Cette facette que nous avons tous en nous mais que nous refusons de voir et d’affronter par facilité et surtout par peur. Mais si nous voulons évoluer sur un plan personnel, nous devons tous en passer par là. C’est inévitable.

J’ai l’impression que vous aimez beaucoup interpréter les rôles de méchant. Que ce soit sur scène ou au cinéma comme dans ce cas précis ?


Erick Fearson (Gal Ador)

Parce que j’adore être méchant. Je suis l’incarnation du mal absolu (rires) ! Sincèrement, quand j’étais enfant, ma préférence allait presque toujours vers les méchants. Ceux que la société et la masse désigne en tant que tel. Je trouvais ceux-ci beaucoup plus attachant, plus humains que les gentils. Ils symbolisaient pour moi le contre-pouvoir. C’est pourquoi, je trouve les méchants beaucoup plus intéressants à jouer car beaucoup plus complexes. Car un méchant n'est jamais totalement méchant. On ne naît pas méchant, on le devient.

Il y a donc forcément une part d’humanité en eux. Et ce qui m’intéresse avant tout, c’est de retrouver et de montrer cette parcelle d’humanité. Car est-il besoin de le rappeler ? Rien n’est totalement noir, et l’inverse est aussi vrai. Rien n’est totalement blanc.

Pour ce qui est de Gal Ador, le méchant de « Galaad », il représente l’empêcheur de tourner en rond, celui qui met le doigt là où ça fait mal. Il nous invite à nous regarder dans le miroir, à voir nos failles, nos faiblesses et à les accepter pour les surpasser et avancer. En vérité, il se fait l’avocat du diable. Sans lui, nul espoir possible. Il est un passage obligé si on veut grandir. L’archétype du méchant a toujours quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes. Il nous invite à explorer notre part d’ombre. Cette part que bien souvent, nous refusons de voir. Alors, finalement, Gal Ador est-il vraiment si méchant que ça ?

Est-ce votre première expérience au cinéma ?

C’est effectivement ma première expérience cinématographique. J’appréhendais celle-ci, mais après avoir lu le scénario de « Galaad », je fus tout de suite partant. De plus, David a su me convaincre de jouer le rôle de Gal Ador, qui disait-il, était un rôle taillé pour moi. Je ne le regrette pas, car finalement ce fut une expérience enrichissante, et ce tournage s’est très bien passé. Je tenterais une nouvelle fois l’expérience, si bien sûr, on m’en fait la proposition et si le scénario me plaît.

Ne pensez-vous pas que ce film soit quelque peu hermétique pour le grand public ?

Sincèrement, je ne le crois pas. Bien sûr, ce film remuera un peu nos neurones car il nous renvoie à nous-mêmes et qu’il suscite la réflexion mais, chose importante, il n’oublie pas de nous divertir. N’est-ce pas là le but de toute œuvre artistique ? Aujourd’hui, à mon sens, les productions médiatiques jouent la carte de la facilité. Beaucoup de créations à l’eau de rose, ou à l’inverse beaucoup de violence et de sexe et derrière tout ça, un immense vide… Aucune âme ! N’allez pas hâtivement conclure que je me veux moralisateur. Loin de moi cette idée. Simplement, les scènes de violence et de sexe gratuit n’apportent rien hormis plus de spectateurs et donc plus d’argent en faisant appel au côté bassement primaire de l’homme. Je trouve que David a eu le courage de s’attaquer à ce thème sans verser dans la facilité mais tout en rendant sa lecture simple. À ce titre, il a fait un travail remarquable. Ce n’est pas évident d’aborder un tel sujet tout en le rendant accessible. Il a relevé ce défi admirablement.

Mais l’atmosphère de ce film est tout de même assez sombre, parfois violente, non ? N’est-ce pas contradictoire avec ce que vous venez de dire ?

Je m’explique. Je n’ai pas dit que les scènes violentes, ni même que les scènes de sexe devaient être absentes. Il serait idiot d’affirmer cela, puisque ce film contient quelques scènes de cette nature. Mais simplement, qu’elles ne doivent pas être le squelette, le pilier du film. Et si l’atmosphère de « Galaad » est sombre, c’est pour finalement, mieux nous montrer la lumière qu’il contient. Car enfin, derrière tout ça, il y a quand même une morale. Ce film apporte tout de même quelque chose. Ce qui est loin d’être le cas de beaucoup d’œuvres qui se contentent juste de faire du sensationnalisme en exploitant cette violence, mais sans apporter autre chose. Je suis en réaction contre ça. Je trouve ça très déprimant et complètement inutile. Évertuons-nous à montrer le côté positif des choses, même si le chemin doit passer par les ténèbres.

Interview avec le réalisateur David Paquin

Quelle est l’origine de ce récit ?

Ce court-métrage raconte une histoire vraie, celle d’un ami qui a un jour consulté une tarologue. Quelque temps après ce tirage, sa vie a complètement changé : divorce, changement de travail… Il a effectué un virage à 180°. Et la carte principale de son tirage était la Maison de Dieu.


Bertrand Beillot (Galaad)

Ce qui m’a intéressé dans cette situation, c’est la rapidité avec laquelle tout s’est passé. En deux mois, il s’est retrouvé seul, il a entamé une formation d’ébéniste alors qu’il était cadre chez Adecco… J’ai eu le sentiment que d’un seul coup, il s’est dit : ma vie ne me convient pas. Il avançait tout droit dans un mur. Alors, je ne sais comment mais, de cette prise de conscience, il a pris une multitude de décisions pour changer cette situation, il a agi. De cette volonté surprenante des deux premiers mois, il s’est retrouvé très vite dans une impasse.

Cette histoire où tout bascule est l’idée maîtresse de Galaad. Tout va basculer derrière le voile blanc. Au départ, il observe, il sourit, il est étonné puis tout va s’intensifier. Il se rend compte qu’il est dans une impasse.

Si tu devais résumer Galaad de manière imagée, que dirais-tu ?

Galaad fonce dans un mur, mais avant de le percuter, des souvenirs lui traversent l’esprit. Des images et des sons se mélangent, s’entrechoquent, ralentissent et s’accélèrent devant lui.

Pour le dire autrement, Galaad, c’est la crise de la trentaine, mais le tremblement est vu de l’intérieur.

Quelle place a le Tarot dans le film ?

Je dirais qu’il est en arrière-plan. Bien sûr, celui qui connaît le langage symbolique et tarologique peut y voir une interprétation d’un tirage en croix. Mais je me suis plus appuyé  sur l’esprit et la rumeur que véhicule le Tarot plutôt qu’une réelle interprétation. De plus, il existe trois sortes de tirages : le tarot divinatoire, le tarot psychologique et le référentiel de naissance. Je suis très attiré par le tarot psychologique (NDLR : voir le dossier d'Erick Fearson à ce sujet). Il ne dit rien sur les évènements à venir. Il ne fait que renseigner sur le paysage psychologique de la personne. Le tarot raconte une histoire, celle du Bateleur-Galaad, la première carte qui s’avance sur un chemin pour être initié. Dans ce parcours, il va apprendre la sagesse. Mais cette initiation est racontée par l’image, par des couleurs. Cela m’a toujours fasciné.

Quel est ton parcours avant ce court-métrage ?

À l’âge de 15 ans, j’ai commencé à pratiquer la photographie avec une amie de ma sœur. Une découverte, une révélation, je suis tombé amoureux de l’image. J’ai fait plusieurs stages avec Jean-Pierre Sudre, un photographe renommé puis j’ai commencé à m’intéresser au cinéma. Étudiant, j’allais 3 à 4 fois par semaines au cinéma à Marseille. Je lisais quantité de revues sur le sujet, j’écrivais des articles sur les films que je voyais. Puis à 21 ans, je suis devenu l’assistant-stagiaire d’un réalisateur au C.R.A.V. en Avignon. J’ai découvert le monde de l’audiovisuel : le reportage et le documentaire. Le C.R.A.V. était une association, j’ai donc pu me former sur tous les postes (cadre, montage, son et plus tard réalisation). J’ai mis un certain temps à digérer la théorie. Mon réalisateur formateur était très méticuleux, très à cheval sur les lois du 7ème art. C’était un Breton, un gros travailleur. On travaillait en moyenne 10 à 12 heures par jour pour un salaire de misère, mais je m’en foutais. J’ai énormément appris. On a commencé à me confier des réalisations de reportage et de documentaire et je suis resté cantonné dans ce genre 10 ans. J’ai eu des prix dans des festivals, j’ai fait des passages télévisuels. Puis un jour, je me suis rendu compte que je n’avais pas les qualités requises d’un bon journaliste. J’avais du mal à garder un esprit critique et neutre sur les sujets que je traitais. J’avais envie de raconter ces histoires autrement. Galaad est l’antithèse de tout cela.

C’est ton premier court-métrage, comment l’as-tu vécu ?

Bon, c’est le troisième en fait. J’en ai fait deux autour de 23 ans. J’ai eu un prix régional pour le premier, mais c’est déjà loin.

Pour la première fois depuis que j’exerce ce métier, je possède l’outil. Je suis équipé en matériel numérique. J’ai écrit le scénario, puis un travail de longue haleine à commencer. Je n’ai pas cherché une production pour deux raisons :

D’abord parce que j’avais peu de chance de l’obtenir, puis parce que j’avais trop attendu. J’ai trouvé les lieux, les acteurs, les techniciens et j’ai mis en place le tournage sur deux mois. J’ai beaucoup travaillé avec l’acteur principal. Comme la plupart des acteurs du film, c’était un professionnel mais dans le théâtre. Il a fallu modeler leurs jeux au cinéma, aux plans rapprochés, à une certaine légèreté dans les gestes… J’ai énormément appris.

Puis le tournage. 80% ont été tournés en trois jours. 20 personnes à diriger. J’ai bien sûr adoré. Un moment inoubliable. Je me suis surtout consacré aux acteurs, délaissant parfois l’affinage des cadres.

Puis le montage. Je ne connaissais pas grand-chose aux effets spéciaux. J’ai donc fais un stage sur Combustion durant 15 jours. Bon, les effets sont très simples dans Galaad, mais je suis assez satisfait du travail sur l’image. Au départ, il ne faut pas oublier que le film est tourné en mini DVcam. Il y a un gros travail de post-production.

Ensuite, j’ai commencé à passer du temps avec le musicien. Au fur et à mesure que la musique était créée, j’imaginais pleins d’autres scénarios en m’appuyant d’avantage sur la musique. Cela a été une vraie rencontre pour moi.

En résumé, Galaad m’a occupé 6 bon mois, mais j’ai réalisé un vrai travail de fond. Aujourd’hui, je suis entouré d’une petite famille (musiciens, quelques acteurs). C’est très important pour la suite.

Quel regard portes-tu sur "Galaad" maintenant qu’il est terminé ?

J’ai envie de tourner la page et d’entreprendre d’autres projets de court-métrages. Galaad, ça m’a donné des ailes. J’ai fait un gros travail créatif sur le film. J’ai le sentiment d’avoir ouvert une grande porte vers la création cinématographique.

Il y a plein d’éléments que j’aime dans "Galaad", mais j’ai très peu de recul pour en parler. Je crois qu’à la base, dans la phase d’écriture, j’ai péché – une faute d’orgueil. Beaucoup trop d’éléments, de matière. On a tellement envie de bien faire qu’on en oublie la simplicité et l'efficacité. C’est un court-métrage très riche. Je pense que c’est une faute de jeunesse. Dans mon prochain court-métrage, je vais épurer, travailler beaucoup plus sur la forme, sur des tensions. "Galaad" reste un film expérimental.

Quels sont tes futurs projets ?

Je vais beaucoup démarcher pour présenter "Galaad". Sinon, j’écris. J’ai plusieurs idées de court. Et bientôt, je vais me lancer dans l’écriture d’un long. Même si les chances de réussir dans ce métier sont minimes, je fonce !

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